Récemment, beaucoup parlent d’un déclin dans la qualité des productions cinématographiques de gros studios comme Disney ou Warner Brothers. Personnellement, je préfère me tourner vers des films où la passion des créateurs compense le petit budget, des films comme Hundreds of Beavers.
Hundreds of Beavers est le deuxième long-métrage de Mike Cheslik. Il raconte l’histoire de Jean Kayak, un vendeur de cidre qui se retrouve à devoir chasser des animaux pour pouvoir survivre à l’hiver. C’est une comédie en noir et blanc presque muette qui s’inspire des dessins animés des années 60 tels que les Looney Tunes et Tom et Jerry. Diffusé pour la première fois au « Fantastic Fest » en 2022, le film a eu une très bonne réception critique et a rapporté plus de quatre fois son budget initial. Pourtant, il est clair qu’il mériterait plus d’attention de la part du public à cause de la grande qualité de son humour, de sa direction artistique et de son scénario.
Tout d’abord, Hundreds of Beavers est excessivement drôle. Le film brille particulièrement par son recours original à l’effet comique de répétition ou « running gag ». En effet, le running gag n’est pas un élément statique dans l’évolution de la trame, mais un recours évolutif et mutant; Cheslik en change la cause ou y ajoute un effet absurde différent à chaque répétition.
L’œuvre a également sa propre texture cinématographique, une signature qui rend le film encore plus intéressant. Hundreds of Beavers disposait d’un budget d’à peine 150 000 $. Bien souvent, avec un budget aussi modeste, il est difficile de faire en sorte que l’œuvre soit plaisante à regarder. Chelski a trouvé une façon ingénieuse de contourner ce problème. En effet, bien qu’elle soit en prise de vue réelle, la séquence d’introduction et certains éléments du décor sont animés. De plus, tous les animaux du long métrage sont soit des marionnettes, soit des adultes en costumes. Ces particularités réduisent non seulement les coûts, mais en plus, ils renforcent le côté absurde de cet univers et permettent une multitude de gags visuels issus du contraste entre le réel et le dessin.
Enfin, bien qu’elle ne soit pas très complexe, l’histoire de Hundreds of Beavers est satisfaisante à suivre. Au début du long métrage, Jean Kayak est totalement perdu, peinant à attraper un simple lapin. Malgré tout, au fil de ses échecs, le trappeur va peu à peu comprendre les règles qui régissent le monde dans lequel il évolue. Il va ensuite se servir de ces apprentissages pour construire de meilleurs pièges qui lui permettront d’en apprendre plus. Cette structure, bien que très simple, permet au spectateur d’évoluer avec lui puisque les lois farfelues qui régissent cet univers sont également inconnues de ce dernier. En fin de compte, lorsque notre protagoniste met au point son engin le plus complexe pour atteindre son but ultime en utilisant toutes les connaissances acquises lors de son aventure, c’est pour le spectateur un moment jouissif et ô combien gratifiant.
En conclusion, Hundreds of Beavers est hilarant, intéressant à regarder et jubilatoire. Si vous cherchez à passer un bon moment, sautez dessus!