Santé

Neuralink, une controverse dans le monde de la santé


Elia Lénaud

18 octobre 2023

Tout a commencé avec la lobotomie. Les premières expériences faites sur des personnes avec des handicaps mentaux ou physiques à partir des années 1880 étaient très longtemps considérées comme la solution aux troubles psychiatriques, particulièrement la schizophrénie. Tout doucement, ces méthodes brutales ont évolué pour devenir ce qu’on connait aujourd’hui comme les neurochirurgies modernes ainsi que des technologies servant à améliorer la vie quotidienne des gens affectés par diverses conditions du système nerveux. Neuralink fait partie de ces innovations, mais suscite de nombreuses controverses quand il s’agit du bien-être physique. Voyons pourquoi.

Premièrement, qu’est-ce que Neuralink ?

Neuralink est une innovation technologique de pointe proposée par Elon Musk, cofondateur de SpaceX, une entreprise aérospatiale, et directeur de Tesla, une marque de voiture électrique de luxe. Développé en 2016 par Musk et une équipe de professionnels, Neuralink est un appareil visant à stimuler les neurones de certaines parties du cortex cérébral, tout dépendamment où la puce serait installée, afin de permettre aux gens atteints de paralysie de faire bouger d’autres appareils électroniques. Les fins brins de métal accrochés à la puce permettraient de connecter l’activité neuronale à un ordinateur, qui connecterait ensuite celle-ci à une machine. Cette technologie, si elle fonctionne avec des humains, car elle est encore en phase terminale du stade expérimental, permettrait aux personnes paralysées de possiblement se déplacer simplement grâce à une petite puce chirurgicalement installée dans le cerveau à l’aide d’un robot d’une précision rigoureuse. Super cool, non ?

Maintenant, pourquoi la controverse ?

Bien qu’on puisse penser que Neuralink soit une solution à bien des problèmes, beaucoup de spécialistes de la santé ne sont pas à l’aise à l’idée d’utiliser cette technologie. Cette réaction touche même bien plus que seulement le monde de la santé ; beaucoup de militants pour les animaux s’opposent à l’utilisation de Neuralink. On accuse Elon Musk et son équipe d’avoir accéléré les tests sur les animaux, d’avoir simplifié une période qui prend normalement plusieurs années. En réduisant de beaucoup le temps imparti au stade expérimental, on aurait causé la mort futile de bien plus d’animaux en laboratoire. Ces décès enfreignent plusieurs lois protégeant les droits des animaux, notamment le « Animal Welfare Act », qui stipule que tout animal a droit à un minimum de soins lors de l’utilisation des animaux à des fins commerciales ; en recherche, lors de l’enseignement, lors de laboratoires ; lors d’un transport à fins commerciales ; lorsqu’ils sont présentés devant un public. Beaucoup souhaitent donc que l’équipe soit accusée de cruauté animale et que leurs recherches soient arrêtées et par la suite reprises de manière plus éthique[1].

Où allons-nous avec Neuralink ?

Après les expériences effectuées avec Neuralink sur le système nerveux des animaux, particulièrement celui des singes, Elon Musk et son équipe ont annoncé que les tests sur les humains étaient maintenant ouverts au public. Le message présent sur diverses plateformes, principalement le site internet de Neuralink et X (Twitter), informe que les gens affectés d’une paraplégie ou d’une tétraplégie sont invités à participer aux tests ; qu’il s’agisse d’une lésion à la moelle osseuse cervicale ou d’une sclérose latérale amyotrophique, la cause importe peu pour l’équipe de Neuralink. Ils énoncent aussi que Neuralink permettrait aux personnes paralysées de se mouvoir, car celles-ci seraient capables de bouger des machines, et donc possiblement des prothèses, grâce à l’activité cérébrale transmise par les fils microscopiques vers l’ordinateur qui s’occupe par la suite d’analyser et décoder le flux d’information.

Neuralink fait donc face à de nombreuses accusations provenant du public. Leur invention offre une possibilité non confirmée à ce jour d’influencer positivement la qualité de vie de personnes handicapées, mais toutes les questions sans réponse et les accusations du public que cette technologie suscite devraient nous inciter à étudier davantage cette affaire avant de nous aventurer plus loin. La voie de la sagesse devrait prévaloir.


[1] The Animal Welfare Act (AWA) requires that minimum standards of care and treatment be provided for certain animals bred for commercial sale; used in research, teaching, or testing; transported commercially; or exhibited to the public. (Citation originale)

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