Dans notre société, l’art du débat se perd. Les arguments se perdent dans un flot d’erreurs de raisonnement et de biais cognitifs. Le théâtre peut être un bon moyen de se confronter à différentes opinions. C’est justement ce qui nous est proposé. « Le virus et la proie » est la première pièce de l’auteur Pierre Lefebvre réalisée en collaboration avec le metteur en scène Benoît Vermeulen. La pièce raconte l’histoire de quatre inconnus sur une scène presque vide qui racontent leur vision cynique de la vie à « Monsieur », une personnification des politiciens et des figures d’autorité qui dirigent notre monde. Les quatre personnages ne semblent pas se connaitre, mais ils sont rassemblés par un désir commun de communiquer avec ce « Monsieur », qui pourtant ne leur répond jamais.
Le texte fort et engagé politiquement est l’attrait principal de la pièce. À coup de métaphores et de cris du cœur, il nous pousse en permanence à nous questionner sur nos acquis par rapport au fonctionnement de notre société. Les personnages, eux, ne sont pas très développés et le peu qu’on apprend d’eux n’est pas très flatteur, mais cela nous permet de nous mettre facilement à leur place et de comprendre la misère dans laquelle ils vivent. L’interprétation du texte est excellente et on sent la rage et le désespoir face au pouvoir dans chacune des lignes des acteurs.
La mise en scène, ou plutôt l’absence de mise en scène ne plaira pas à tout le monde, mais la scène noire très peu éclairée donne une ambiance sombre qui concorde bien avec le texte. Le choix de n’avoir mis aucun décor nous permet de mettre toute notre attention sur la gestuelle des acteurs et leur texte, ce qui est bien, car c’est vraiment le point fort de la pièce.
Pour conclure, cette pièce n’est vraiment pas pour tout le monde. Si vous n’aimez pas la politique, vous ne verrez que quatre personnes se plaindre du système pendant 1 h 35. Sinon, vous allez être amené à de grandes réflexions qui vous empêcheront de dormir. Tout compte fait, il s’agit d’une pièce magistrale qui démontre tout le talent d’écriture de Pierre Lefebvre, mais elle n’est vraiment pas pour tout le monde.
